j'suis un voyou c'est comme ça qu'on dit tout simplement,
j'ai fait des choses que j'regrette suffisamment,
suffisamment pour y penser tout le temps.
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Ayden soupira, ses pieds trainant sur le sol froid du troisième étage. Oh, il connaissait bien ces salles, ces couloirs, pour les avoir visitées maintes et maintes fois depuis son entrée au château. La galerie des armures, la salle des trophées. Deux salles qu'il avait l'habitude de fréquenter, à son plus grand damne. Aujourd'hui, en ce Mardi soir, Ayden était encore collé. De corvée pour nettoyer le sol de la vaste salle qui abritait les armures, cette fois-ci. D'après ce qu'il avait compris, Rogue l'attendait là-bas, pour lui fournir du matériel, à huit heures tapante. Il était déjà huit heures et quart, et Ayden était en retard. Comme à son habitude. Il aimait se faire attendre. Pour se donner l'impression que sa présence est requise, un peu.
Si un jour, ses parents venaient à apprendre qu'il passait bien plus d'une heure par semaine en retenue, il était certain qu'il passerait un très mauvais quart d'heure. Ou une demi-heure. Voir même de très mauvaises vacances. Le jeune Everdeen ne n'avait jamais réellement entretenu de bonnes relations avec ses parents, et d'ailleurs, il les détestait. Ils n'étaient que des géniteurs, à ses yeux, et il était rare qu'il les appelle par ces mots tous simples qui résonnaient comme des appellations divines dans les bouches des jeunes enfants ; papa et maman. Il évitait tout simplement de leur parler, lorsqu'il était contraint de passer du temps avec eux, l'été, par exemple. Ayden s'était toujours senti à part, dans sa famille. Un étranger, un inconnu. Jamais il n'avait partagé les mêmes idéologies familiales et pro-pur qu'avaient ses semblables. Pour eux, l'influence dans la société magique était ce qu'il y avait de plus important, et seule la pureté de leur sang leur permettrait d'atteindre les sommets de la renommée. Détrôner les Crawford, tel était leur but, même s'ils entretenaient des relations très courtoises avec les membres de cette famille à qui ils s'étaient liés par le mariage, quelques générations auparavant. Aux yeux d'Ayden, tout cela était pathétique et misérable. Intrus parmi des idiots, comme il s'amusait à se définir, Ayden était en conflit perpétuel avec les siens. Et ça lui pesait, mine de rien.

« Vous êtes en retard, monsieur Everdeen. » Rogue, toujours aussi froid qu'à son habitude, eut un léger rictus. Ayden n'aimait pas ce professeur, et ne l'avait jamais apprécié. Il se pensait effrayant et Ayden le trouvait assez minable. Absolument pas pédagogue, jamais il n'avait réussi à intéresser le garçon pour sa matière, et les mauvaises notes en potions s'enchainaient depuis sa première année pour le garçon. Il s'en foutait. Ce n'était que Rogue, et quelques mélanges, après tout. Soudain, il remarqua une silhouette fine derrière le vieux professeur, et fronça les sourcils, avant qu'un léger sourire s'affiche sur ses lèvres. Il n'allait pas passer la soirée seul en retenue, et ça, c'était une bonne nouvelle. Mais rapidement, son sourire s'évanouit pour laisser place à un visage marqué par la stupéfaction. Une chevelure blonde qui lui était familière, un visage aux traits fins qu'il n'avait que trop regardé, observé, admiré. Rae. « Bien, jeunes gens, je suppose qu'il est inutile de vous rappeler que l'usage de la magie est interdite. » Rogue tendit les mains et Ayden leva les yeux au ciel, sortant sa baguette qui était coincée dans son pantalon avant de la donner au professeur de potions. Rae fit de même, et Ayden ne la quitta pas du regard. « Du matériel moldu a été mis à votre disposition. Je reviendrai dans une heure pour inspecter votre travail. » Et, de sa démarche lente et ennuyeuse, Rogue sortit de la pièce, laissant Ayden et Rae face à face. La jolie blonde était sûrement la dernière personne avec qui il aurait voulu se retrouver en retenue. Quoi que, c'était peut-être une occasion pour racheter ses erreurs passées. « Bonsoir. » Déclara le Gryffondor en s’emparant d'un balai. Il savait que Rae avait encore une dent contre lui, malgré toutes ces années. Il savait que la tâche de reconquérir sa confiance et son amitié ne serait pas évidente. Mais le jeu en valait la chandelle. « Ça ne m'étonne pas de te voir ici, étrangement. » Ajouta-t-il en riant.

Il me semble parfois que mon sang coule à flots,Ainsi qu'une fontaine aux rythmiques sanglots.Je l'entends bien qui coule avec un long murmure,Mais je me tâte en vain pour trouver la blessure..
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Chacun de tes pas traînent d'une langueur déconcertante, et presque instinctivement un décompte s'enclenche en toi. Tu comptes les secondes, celles qui te rapprochent de ta punition avant d'anticiper les heures qui amèneront ta libération. Anodine petite habitude que sont ces heures de colles. Tu soupires un instant, laissant une fine brise s'échapper entre tes lèvres rosées tandis qu'une silhouette vient percuter ton être. Métaphoriquement vrai, du moins.  « Miss Björk, pile à l'heure. » Simple coïncidence, la chance de l'habitué pourrait-on dire. Tes prunelles observent instinctivement cet homme qui ne cesse d'alimenter tes heures de colles. Rogue jubile intérieurement, tu sembles même entendre un doux rictus braver ses lèvres charnues. Tes épaules se haussent , emplies de cette lassitude qui t'habite à cet instant. L'heure passe, les minutes défilent et jamais ô grand jamais l'heure ne devient l'un de tes défis, ou bien même l'une de tes priorités. Selon toi, tu ne peux jamais être en retard, ce sont uniquement les autres qui sont en avance. Alors tes lèvres s'allongent, laissant l'opportunité à un doux sourire de s'immiscer sur ton visage. « L'heure n'est qu'une formalité, Professeur. » Souffles-tu en répétant de cette manière la même phrase que Rogue t'avais lui-même énoncé lors d'un de ces retards. Une petite bombe lâchée sans la moindre préméditation. Tu jubilerais presque de ta ruse, riant au nez de ce professeur. Et si l'envie naissait en toi, l'arrivée soudaine d'un de tes camarades vint te ramener à la réalité. Désenchantement immédiat. « Vous êtes en retard, monsieur Everdeen. » Ta mâchoire se contracte machinalement à l'entente de ce patronyme. Everdeen, ça ne se prononce même pas, ça se crache. Impassible en apparence, tu ne peux cependant t'empêcher de bouillonner intérieurement. Comme-ci le rituel de ces heures de colles ne suffisait pas à lui seul de condamner une personne. Tu soupires, tu respires face à cette condamnation. Prémédité ou non, Rogue à réussit à se surpasser ce soir. « Bien, jeunes gens, je suppose qu'il est inutile de vous rappeler que l'usage de la magie est interdite. » Sacrilège.  Un énième soupire brave tes lèvres alors que tes doigts se faufilent habilement dans l'une de tes poches afin d'extirper ta baguette. « Du matériel moldu a été mis à votre disposition. Je reviendrai dans une heure pour inspecter votre travail. » Il débatte les mêmes paroles depuis ta première année, si bien que tu fredonnerais presque ces maudites petites instructions en coeur, avec lui. Tu n’acquiesces guère, et te contente d'attraper l'un de ces objets moldus qu'ils nomment "balais". Chacun de tes gestes semblent être mécaniques, le reflet-même d'une routine habituelle qui t'habite de l'intérieur. Si bien, que tu en oublierais presque la présence de cet être-indésirable.


« Bonsoir. » La bombe est lancée, il sort de ses tranchées. Impassible, tes lèvres demeurent soigneusement collées entre-elles tandis que tu poursuis tes gestes. Les mots ne t'atteignent pas. Ou du moins, tu persistes à arborer cette froideur que tu dégages en présence d'inconnu. Aprés-tout, c'est ce qu'il est devenu au fur-et-à-mesure du temps, un vulgaire inconnu. Un homme parmi tant d'autres, un étudiant de poudlard dont tu n'entendais plus parler jusqu'à aujourd'hui. Un sujet tabou que tu préférais oublié. « Ça ne m'étonne pas de te voir ici, étrangement. » Une remarque déplacée, une ironie déconcertante qui t'irrites. Tes prunelles se relèvent ainsi pour s'immiscer en son regard. Tu le hais, et cette haine consume peu à peu chaque partie de ton être. « Pourtant, crois-moi que cette fois-ci j'aimerais mieux ne pas être ici. » L'ouragan se prépare, il se forme peu à peu en ta personne et tant pis pour les victimes de ce cataclysme. Tes doigts se resserrent d'avantage sur le manche de ce maudit balais que tu détiens. Le ménage attendra probablement un peu.

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j'ai fait des choses que j'regrette suffisamment,
suffisamment pour y penser tout le temps.
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Avec Rae, tout avait commencé en quatrième année, dans cette même salle. Ayden, âgé d'un an de plus que la jolie blonde, était dans une classe supérieure à Rae, étant donné qu'il a redoublé sa cinquième année et que c'est à partir de ce moment qu'ils ont été dans le même niveau d'étude. Ils étaient collés, tous les deux, le jour de leur première rencontre. Ayden avait trouvé Rae plutôt sympathique, et il devait avouer que son côté aventurier, qui l'avait d'ailleurs mené droit dans cette galerie des armures en retenue, lui avait tout de suite plu. Elle avait beau être une Serpentard, Ayden l'avait trouvée différente, moins rattachée à des idées pro-pur. Ils avaient sympathisé. Devenus amis. Passés de bons moments ensemble. Puis Ayden s'était fait mordre, devenant ce monstre, comme il aimait à se considérer, et plus rien n'avait été pareil. Conscient d'être une véritable menace pour son entourage, il s'est considérablement éloigné de Rae, allant jusqu'à nier la présence de la jeune fille, l'ignorant et l'évitant. Puis, les années avaient fait la dernière partie du travail, et désormais, les deux anciens amis n'étaient plus que des étrangers dont ils ne connaissaient plus rien, avaient tout perdu. L'amitié et la reconnaissance, notamment.
Ayden ne pouvait pas en vouloir à Rae. Il savait que dans l'histoire, leur éloignement et la haine qu'elle lui vouait était entièrement de sa faute. Ou du moins, du foutu loup-garou qui, lors de cette nuit de pleine lune où l’innocent Everdeen s'était montré trop imprudent, avait mordu Ayden. La première année avait été la plus dure. N'arrivant pas à accepter sa nouvelle nature, son instinct animal et ses envies meurtrières qui se renouvelaient une nuit tous les mois, Ayden ne s'était jamais habitué à sa forme de loup. Il s'était mis dans l'idée que tout attachement était un danger. Pas pour lui, car rien ne pouvait l'atteindre, mais pour les autres. Le danger, c'était lui. Les victimes, son entourage. Et jamais il ne se serait pardonné s'il était arrivé quoi que ce soit à un de ses proches. Il n'osait même pas imaginer ce qui aurait pu se passer si jamais ses parents n'avaient pas mis au courant le directeur de l'école. Dumbledore avait fait preuve d'une grande et sage gentillesse qui le caractérisait. Très patient avec le garçon, il avait pris soin qu'on lui concocte des potions spéciales qui lui permettraient d'éviter la transformation. Evidement, Ayden devait se montrer minutieux et discret. Et c'est ainsi qu'à partir de sa cinquième année, une fois par mois, Mme Pomfresh l'attendait de pied ferme à l'infirmerie, où Ayden devait prendre son antidote.
Depuis cet abandon non justifié, Rae en voulait beaucoup à Ayden, il en avait conscience. Le regard qu'elle lui avait lancé alors qu'il avait croisé son regard en prenant un balai moldu en était la preuve. Lui n'avait absolument rien contre et au contraire, comprenait parfaitement sa déception. Il aurait aimé pouvoir lui expliquer les véritables raisons qui l'avaient poussé à l'ignorer, il aurait aimé pouvoir lui avouer toute la vérité, et reconquérir son amitié. Mais il ne pouvait pas prendre ce risque. Qu'importait la confiance qu'il avait en Rae, Ayden avait fait le choix de ne révéler son secret à personne, pas même à Alexie, qui était sa meilleure amie, et bien plus encore. Mais désormais qu'il s'était familiarisé avec sa lycanthropie, désormais qu'il arrivait à la contrôler grâce à ses potions et à sa volonté, désormais que la lune ne lui faisait plus aussi peur qu'à l'époque, il pouvait respirer. Et réparer ses erreurs passées. Etrangement, la remarque de la jeune blonde ne l'atteignit pas. Il ne fut pas vexé de savoir qu'elle n'avait pas envie de passer cette heure en sa compagnie. Il s'y était un peu attendu, après tout. Elle le détestait et sa mission était d'arranger du mieux qu'il le pouvait leurs relations. Ou du moins, d'essayer. « Écoute, je sais que ça ne t'enchante pas d'être ici, avec moi, mais on pourrait essayer de discuter comme des gens normaux, non ? De personne totalement calme à personne totalement calme ? De mettre ta rancœur un peu de côté, juste le temps d'une heure ? » Ayden savait déjà la réponse. Mais ça valait tout de même le coup d'essayer. Qui ne tente rien n'a rien, comme on dit.

Il me semble parfois que mon sang coule à flots,Ainsi qu'une fontaine aux rythmiques sanglots.Je l'entends bien qui coule avec un long murmure,Mais je me tâte en vain pour trouver la blessure..
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Tes gestes s'enchaînent mécaniquement pour exécuter une première heure de labeur. Et si, dans un premier-temps tu avais perçu la présence d'Everdeen comme un véritable fardeau, tu pouvais à présent y conclure un aspect positif. Contrairement à tout ce que tu avais pus t'imaginer, le jeune-homme n'avait aujourd'hui plus le moindre impact psychologique sur ta personne. Les dés avaient été jetés, éparpillés pour te donner l'opportunité d'y tirer un trait définitif. Cette silhouette familière n'était à cet instant qu'une ombre du passé, l'ombre d'un étudiant de gryffondor que tu avais été amené à côtoyer et que tu venais aujourd'hui à supporter. Peut t'importais les indénombrables souvenirs en sa compagnie, seul sa soudaine absence venait à hanter ta personne. Une anodine petite piqûre de rappel, histoire de te souvenir à jamais de l'abandon subit. Tes yeux se relèvent vers le ciel, naïve petite demoiselle que tu étais autrefois.. Heureusement les temps changent, et tu as sus soutirer des erreurs passées une part bénéfique pour avancer. T'as ouvert les yeux Rae, et tu sais aujourd'hui que les Gryffondors ne sont pas si loyaux et courageux que le prétends leur device. Bien au contraire, la lâcheté semble prôner dans leurs veines.


« Écoute, » Un mot qui t'extirpe brutalement de tes pensées. Tu n'attendais aucune réponse, ou plus exactement tu espérais intérieurement que cet être indésirable, comme tu aimes à présent le nommer, vienne à s'abstenir de tout autre commentaire. A quoi bon remuer les fantômes du passés ? Ceux qui s'acharnent à vous entraîner dans les abîmes. Tu poursuis tes gestes, t'acharnant presque inconsciemment contre l'une des dalles rehaussés de ce sol. T'aimerais qu'il se taise , t'aimerais faire abstraction de ces mots qui menacent de s'échapper entre ses lèvres. Et pourtant, t'en es incapable. « je sais que ça ne t'enchante pas d'être ici, avec moi, mais on pourrait essayer de discuter comme des gens normaux, non ? De personne totalement calme à personne totalement calme ? De mettre ta rancœur un peu de côté, juste le temps d'une heure ?. » Un rictus brave instantanément tes lèvres rosées et tu ne peux retenir tes mots. Le minuteur de la bombe vient de s'enclencher, et un petit cliquetis vient résonner en ton esprit.   « Je pourrais, oui. Faire abstraction du passé pour que ces heures de colles défilent plus rapidement. » Tes iris dérivent une nouvelle-fois vers lui, laissant la haine délaisser sa place à une franchise déconcertante. Tu ne mâcheras pas tes mots, peut importe l'impact qu'ils auront. Aprés tout, votre relation, ou du moins le peu de lien qu'il vous reste est quasiment inexistant à tes yeux. « Il y a juste un petit "hic", le passé m'a permit de constater que te parler était une perte de temps Everdeen. A quoi bon s'attarder sur quelqu'un qui n'a pas la moindre once de sincérité ? Ou bien même une once de franchise. Je suis calme, et la rancoeur a disparu,  je n'ai simplement plus la naïveté d'autrefois à m'attarder sur toi.  » Tu pèses chacun de tes mots en veillant soigneusement à soutenir ses prunelles par la même occasion. Tes anciens rapports avec le Gryffondor te permettent aujourd'hui de retourner ta veste. Tu joues avec ses souvenirs, ses émotions sans même savoir ce que tu manies réellement entre tes doigts. T'ignores la réalité, et tu ne t'en formalisera pas. Peu importe la Kryptonite que tu détiens dans tes mains, les dés sont jetés. Jamais ô grand jamais tu ne retomberas dans son piège. T'as grandi, et les erreurs du passé t'ont permises d'ouvrir les yeux.T'espère ainsi clore le débat, mettre un terme à son manège pour te consacrer à cette punition. Délaissant enfin cette maudite dalle rehaussée, usée par le temps , tu viens à reprendre en main ta mission sans sembler te préoccuper de la réaction du jeune-homme. Et si l'envie de guetter son visage te consume intérieurement, tu préfères jubiler dans ton impassibilité. L'indifférence est plus forte que tout.

j'suis un voyou c'est comme ça qu'on dit tout simplement,
j'ai fait des choses que j'regrette suffisamment,
suffisamment pour y penser tout le temps.
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Ayden avait toujours été un garçon très gentil, très gentleman, avec ces demoiselles. Un vrai petit prince charmant aux yeux brillants d'admiration de la plupart des jeunes filles du château. Il aimait les filles, le Ayden. Il aimait les admirer, les serrer dans ses bras, les réconforter. Il les aimait même si ce n'était pas vraiment de l'amour. Au fond, il aimait plaire, aussi. Il aimait qu'on l'admire, qu'on le serre dans ses bras. Il était dragueur et charmeur, le Ayden. Il avait tout pour lui, après tout. Mais s'il y avait bien quelque chose qu'Ayden détestait, c'était de voir une fille pleurer, triste, ou tant énervée contre lui qu'elle venait à le haïr. En l’occurrence, en ce qui concernait Rae, Ayden se situait plutôt dans la troisième position. Elle le détestait mais il n'y pouvait rien. Ou du plus, il n'y pouvait plus rien. Il aurait dû lui expliquer clairement que quelque chose l'empêcherait désormais de passer du temps avec elle, au lui de prendre la fuite. Il aurait dû lui avouer la vérité détournée au lieu de la laisser seule, de l'abandonner, de l'ignorer, de l'éviter. Il regrettait tant ce qui c'était passé, et désormais, il n'avait plus qu'une envie : renouer avec la jolie blonde, se faire pardonné de ses erreurs passées, rattraper le temps perdu. Mais c'était mission impossible, et il le savait très bien. Même s'il y avait toujours cette lueur d'espoir dans ses yeux, et malgré tout le respect qu'il portait à Rae, il savait que cela était bel et bien impossible. Les choses étaient faites désormais, et elles ne pourraient que très difficilement changer. Tout ce qu'il lui restait, pour le moment, c'était de chaudes et douloureuses excuses. Les souvenirs continueraient de le hanter, sa culpabilité d'avoir blessé la Björk n'aurait d'égal que sa peur de lui-même, ou plutôt, de son double lycan.
Rageusement, Ayden passait le balai dans la salle tel un véritable petit elfe de maison. S'il avait appris à contrôler ses émotions au fil des années, il savait que les élans de colère n'étaient pas bons. Surtout pour un loup-garou. Victime de la pleine lune, sa transformation totale n'avait lieu qu'une seule fois par mois, et bien heureusement, Ayden prenait une potion qui empêchait cela, et coupait ses envies meurtrières. Mais son côté animal et violent ne disparaissait pas pour autant, et tous les jours, il était lycan. Son cœur s’accélérait lorsqu'il était trop stressé ou énervé. Et alors, s'il ne parvenait pas à le ralentir en se calmant ou contrôlant, il ne contrôlait plus rien. Ses yeux changeaient de couleur, passant d'un ton noisette à une couleur orangée, ses veines marquaient ses muscles saillants, il devenait agressif et parfois même violent. Il n'était plus le Ayden humain. Sentant que les battements de son coeur se faisaient de plus en plus rapides tandis que Rae enchainait les remarques sanglantes mais pourtant terriblement vraies, Ayden fit tout son possible pour se calmer, rester de marbre, abordant un visage impassible. Il n'eut pas énormément de mal à desserrer son balai qui était sur le point de se casser tant il le tenait fort, ainsi qu'à contrôler son agressivité et son envie de tout casser. Il était un habitué, maintenant.
C'était vrai que les paroles de Rae le touchaient en plein cœur. Peut-être était-ce le but de la jeune fille, de le blesser, de laisser sa trace sur ce bel organe, à son tour. Et si c'était le cas, le garçon ne pouvait se résoudre à lui en vouloir, une nouvelle fois. Elle avait été une humble et loyale amie, quatre ans plutôt. Ca n'avait pas été son cas, en la laissant tomber comme une vulgaire poupée de chiffon qu'il avait simplement manipulé. Il voulait lui faire comprendre qu'il n'avait pas eu le choix, qu'il avait pensé à elle avant tout. Avant lui. Mais il ne parvenait pas à trouver comme le lui exprimer, sans mettre en danger son terrible secret. Ayden adressa un discret regard à Rae. Impassible, elle semblait plus se préoccuper de son ménage que des réponses qu'allaient lui apporter le jeune homme. Peut-être était-ce une simple image d'elle qu'elle voulait donner. Peut-être s'en fichait-elle réellement. Et si jamais elle laissait trainer une oreille pour daigner écouter ce qu'avait à dire le garçon, Ayden prit la parole, d'une voix beaucoup moins assurée que la précédente. « C'est plu compliqué que tu le penses, Rae... » Il l'appelait par son prénom parce que pour lui, Rae n'avait rien d'un ennemie, ou d'une parfaite inconnue. Rae était son amie. Ou du moins, elle l'avait été, un jour. « Tu ne sais pas tout, tu ne peux pas comprendre. » Ayden avait conscience qu'il allait sûrement éveiller les soupçons de la jeune fille ainsi que sa curiosité, qu'elle allait certainement vouloir en savoir plus sur ce supposé secret. Il n'était pas certain de faire le bon choix, en parlant ainsi, en se risquant sur une pente dangereuse. Mais après tout, il n'avait plus rien à perdre, désormais. Pas dans cette galerie des armures. « Et je peux comprendre que tu sois en colère, t'as raison même. J'ai été lâche mais crois-moi, je n'ai pas eu le choix. » Il allait beaucoup trop loin. Rae allait sûrement lui poser des questions, mainenant. Un mensonge, vite, il lui fallait un plan de secours.

Il me semble parfois que mon sang coule à flots,Ainsi qu'une fontaine aux rythmiques sanglots.Je l'entends bien qui coule avec un long murmure,Mais je me tâte en vain pour trouver la blessure..
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« C'est plus compliqué que tu le penses, Rae... » Tu soupires une énième fois, lassée de toutes ces indénombrables petites excuses de pacotilles qu'à put énoncer le jeune-Gryffondor. Ou du moins, de celles qui risquent probablement de s'échapper entre ses lèvres. Tes pupilles guettent les alentours, probablement à la recherche d'une quelconque porte de sortie de secours. Tu ne veux pas fuir, tu veux juste abréger ce remue-ménage de sentiments complétement inutile. Il est trop tard pour de quelconque petites explications, et la complication qu'il s'invente aujourd'hui pourrait même t'amener à lui rire au nez. T'as envie, rae. Envie que ton rire jaune lui fasse perdre pied. Un aperçu de vengeance. Alors, un petit rictus brave tes lèvres et le funambule qu'il est,  pourrait vaciller un instant. Sa chute serait un met exquis, et pourtant ton indifférence persiste. Tu te fiches de tout, petite Rae, et plus exactement du ressentie qu'il pourrait avoir au prés de toi. Puis, une énième bombe est larguée au dessus de toi. Si bien visée qu'elle semble réveiller cette animosité qui dormait au fond de toi. « Tu ne sais pas tout, tu ne peux pas comprendre. » Instinctivement tu ne peux t'empêcher d'arquer soigneusement tes sourcils. Tu ne rêves pas. Everdeen poursuit ses justifications bancales en jugeant bon de préciser que tu ne peux comprendre. Es-tu si sotte à ces yeux ? Tes doigts délaissent ainsi ce fichu balais-moldu que tu te tentais vainement de dompter pour te retourner face à Everdeen. Tu bouillonnes de l'intérieur. Et l'on jurerais presque rien qu'à la tournure de ton regard qu'un meurtre est sur le point d'arriver.« Et je peux comprendre que tu sois en colère, t'as raison même. J'ai été lâche mais crois-moi, je n'ai pas eu le choix. »

Ton visage s'incline un instant, soupirant devant ce flot de mensonge qui dévale entre ses lèvres. Lamentable, désespérant, de nombreux adjectifs te viennent en tête t'empêchant ainsi d'y déceler une once de sincérité. Son absence n'a pas creusé qu'un vide en ta personne, elle a fini au fur-et-à-mesure du temps à te dissocier des autres jusqu'à en oublier l'empathie envers autrui. Everdeen et Björk n'est plus qu'un vieux souvenir.  Tu lèves tes yeux au ciel, une seconde fois. Puis, probablement par dépit de situation tu daignes répondre à ses futilités. « On a toujours le choix Everdeen » Tu pèses chacun de tes mots, veillant soigneusement à accentuer l'intonation de ceux-ci pour appuyer chacun de tes dires. Tu n'es plus la Rae d'autrefois. Il n'est plus l'ami qu'il était autrefois. Ton visage s'incline en souvenir du passé. Ayden et Rae ça n'existe plus. Aujourd'hui demeure Everdeen, et plus loin, Björk. Tu avances un instant, le balais inconsciemment pointé sur son torse. Tu attends un instant, tes prunelles s’immisçant dans son regard pour se perdre dans un labirynth inconnu. Tu ne le reconnais plus. Ou du moins, tu ne le connais plus. « Il parait que les amis surmontent ensemble les complications, qu'ils veillent l'un sur l'autre pour affronter chacun des aléas de la vie. Je ne me préoccupe guère de tes excuses Everdeen, et je ne souhaite guère connaître les raisons de ton éloignement. Peut m'importe à présent le passé. T'avais le choix, personne ne t'as forcé à prendre cette décision. Alors ouvres-tes yeux, t'as voulu cela ou du moins, tes choix nous ont amené à cela.   » Tu demeures impassible au fur-et-à-mesure que s'égarent tes paroles et cela pourrait être extrêmement déstabilisant pour toutes personnes de ton entourage. Aucun haussement de voix. Aucune injure ne brave tes lèvres. Seule la vérité s'y échappe. Tu n'y crois pas toi même, et pourtant tu canalise parfaitement ton énergie pour ne pas la gaspiller à ressasser le passé. Il attendait que tu bouillonnes de curiosité, ou peut-être même espèrait-il que tu t'apitoies sur son sort. Rien ne se produisit ainsi. Alors, tes pas s'éloignent, et tu te recules de lui pour œuvrer dans ton coin.

j'suis un voyou c'est comme ça qu'on dit tout simplement,
j'ai fait des choses que j'regrette suffisamment,
suffisamment pour y penser tout le temps.
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Ayden ne savait pas s'il était étonné ou non de cette indifférence déstabilisante dont faisait preuve Rae. D'un certain côté, il ne pouvait que comprendre l'attitude de la belle blonde, il n'avait pas été correct et loyal envers elle, envers l'amitié qu'ils avaient noué au fil des mois et des discussions. Ils étaient jeunes, à l'époque, et pourtant, cela restait gravé dans l'esprit du loup-garou. Il aurait voulu que tout cela ne soit qu'un rêve, qu'il puisse se réveiller maintenant, que tous ses problèmes se volatilisent en même temps que ses paupières s'ouvrent. Sa lycanthropie, ses problèmes familiaux, Rae. Il aurait voulu tous les oublier. Ayden releva le regard lorsque Rae lui affirma qu'on avait toujours le choix. Non, c'était faux. Elle avait tord, et Ayden mourrait d'envie de lui dire. Pourtant, il se contenta de balayer d'un ennui mortel le sol de la galerie des armures, ne relevant qu'à peine les pupilles pour observer les réactions de la Serpentard. Et plus il l'observait, plus il s'en voulait de lui avoir fait du mal, de l'avoir déçu. Pathétique, il le demeurerait jusqu'à la fin de ses jours. Non, Rae, non, il n'avait pas eu le choix. Il n'avait pas voulu la mettre en danger, il n'avait pas voulu prendre des risques inutiles. C'était trop imprudent, dangereux, irresponsable. Il ne pouvait concevoir l'idée de pouvoir faire du mal à une personne qui lui était si proche, il ne pouvait concevoir l'idée de faire du mal, physiquement, à quelqu'un comme elle. Un monstre, deviendrait-il alors, davantage encore qu'il l'était maintenant. Et il se taisait alors qu'au fond, il bouillonnait. Mais il se devait de garder son calme, de prendre le dessus sur la bête féroce qui, au fond de lui, ne demandait à se manifester, à défoncer ce balais, à tout casser dans cette salle. Il ne pouvait pas se laisser distraire avec cet instinct animal, pour la sécurité de tous. Pour Rae. Il n'avait pas le choix.
Les paroles de Rae s'égaraient dans l'esprit d'Ayden. Elle s'entrechoquaient, s'accidentaient et retournaient le cerveau au jeune homme. Elle avait raison et tord. Lui aussi, d'ailleurs. Il ne voulait pas se disputer avec la jeune femme. Non, tout ce qu'il désirait, à présent, c'était quitter cette foutue salle et remonter dans le dortoir des Gryffondors de septième année, prendre Alexie dans ses bras, lui dire qu'il avait passé une mauvaise journée, puis s'endormir sous ces draps aux couleurs de la maison des lions, et oublier, oublier, oublier. Oublier qui il était, et oublier ces questions dont il n'aurait jamais les réponses : pourquoi ? Pourquoi lui ? Rae s'éloigna, et Ayden ne fit rien pour la retenir. Il avait envie de tout lui avouer. Peut-être était-ce le moment, après tout. Pouvait-il la mettre dans la confidence, la confrontant ainsi à ce terrible danger que représentait sa personne ? Peut-être qu'au contraire, la sécurité était synonyme d'ignorance, et que la haine n'était qu'accessoire, effet secondaire. Peut-être qu'en l'enfermant dans cette rage, dans cette déception, il la protégeait. Maintenant qu'elle n'était plus à ses côtés, il n'avait plus rien à perdre. Autant faire de son mieux. Et la garder à distance de lui était sûrement la meilleure chose à faire. « T'as raison. » Commença-t-il alors qu'instinctivement, ses pupilles se plantèrent dans celles de Rae. Ce n'était ni un mensonge, ni la pure vérité. A vrai dire, il ne savait pas. Perdu. « Tu as fait ton choix maintenant. Je ne suis plus ton ami depuis bien longtemps, je sais. Ca vaut peut-être mieux pour tout le monde. Surtout pour toi. » Et il baissa le regard, s'éloignant à son tour de l'autre côté de la pièce alors que, sans s'en rendre compte, il venait de finir presque la moitié du ménage.

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